Si votre cœur comprend le message de l' oiseau, si votre oreille s’émeut du murmure du ruisseau ... ou si vous vous laissez simplement guider par ce que vous nommez le" hasard" , bienvenue et bonne lecture.

jeudi 21 novembre 2013

Les torpeurs de l'automne. (46)

Si Oiseau semble filer à la verticale, le suivre est loin d'être aisé.  Sans ailes et à l'horizontale.
D'autant que la route serpente.

Je me demande d'ailleurs quelle mouche m'a piquée. Le long de ce chemin.
Certitude absolue, ce n'est pas mon bourdon. Celui de pèlerin.

Ne serait-ce un rouet,  fuseau d'une quenouille ? Une ronce oubliée à la mare aux grenouilles?
Ou bien un aiguillon. 
Pourquoi faut il toujours que je m'attarde. Sur des petits détails, à des fagots d"échardes.
Oiseau le ferait-il exprès ? De traverser des cieux, horizons tourmentés. Le pays fou furieux de la curiosité !
 Ne me guiderait-il au pays de la Science, de la Philosophie, et de la Quintessence que pour mieux  m'endormir?  Ou pour me réveiller !

...Toujours est-il que je suis vraiment bien  fatiguée...

Si j'étais animal, je serais Ourse brun. Pour grogner à souhait au fond de ma tanière.
J'effectuerais un saut de puce, pour passer vivement Sainte Luce. 
A grand galop, fête des Rois. Pour éviter les blancs frimas.
Ou je serais marmotte, le cœur au ralenti. Pour dormir tout l'hiver.
Et je m'éveillerais, par Hélios embrasée, changée en butineuse.
Alors, fraîchement  ailée  d'une toute nouvelle curiosité.




mardi 29 octobre 2013

La fenêtre. (45)

La lumière est très curieuse.
La lumière de m'observer par delà les ouvertures. De l'autre côté du carreau.
Comme une croix, le meneau
devant lequel je contemple.
Et je me tiens là, debout.

 Je soupire au soupirail. Mes yeux vitreux au vitrail croisent l'éclat de ses feux.
 Mon souffle va lui répondre, en vapeur, exhalaison. Car humide est la saison.
Des bourrasques de l'automne.

Le temps est à la fenêtre. La buée sur les carreaux.
Je dessine des ronds dans l'eau. Mets des formes à ce nuage.
Des motifs géométriques, ellipses et parallèles.
Et le V des hirondelles.

Mon doigt trace des caractères, que ne lirait Champollion.
La lumière sait mon mystère. La lumière sait ma chanson.



mardi 15 octobre 2013

La flèche du Temps.(44)

Il y avait longtemps que Oiseau n'avait revêtu sa toge de maître.
 Je le soupçonne d'aimer ça !
 Soudain, se saisissant  d'un arc au ciel, il  nous décoche une drôle de flèche.

"- Conjugaison ! Valse en trois temps :
Au présent  de la Mémoire, conjuguez le verbe pleuvoir !
 Et je ne veux  ni  " d' il pleuvait", ni  "d' il a plu toute la journée."

 Il tombe une pluie....continuez !"

"-... Se sont tus, les chants de cigales tout le long du sentier. Les bleuets de l'été dorment aux creux des herbiers."

"- Parfait, vous avez compris. Que le présent vit au passé. Et de ces souvenirs qu'on ne peut dérober.

 Maintenant le présent. Mais selon Augustin. Un présent Intuition. Présent que j'aime bien."

Une intuition de pluie ?...Comme dans les prévisions ?... Météorologie...?

"-Il ne faut pas pleuvoir, cela ruine l'espoir. Et cela fait gonfler. Et les lacs. Et les cieux, qui se vident peu à peu.  Vont jusqu'à s'assécher."

"-Je vous l'accorde.
 Mais mieux. Notez la correction ! :
 Tu prends ton parapluie, c'est un temps de saison.
 A défaut... un mouchoir...
mais voilà qui est dit !
Passons au temps d'Attente. Passons à ce présent. La pointe de la flèche, de la flèche du temps."

"- La pluie noie le chagrin...il en faut au jardin. Mais je regarde l'horizon et je le trouve flamboyant.

Des rouges de l'automne."




jeudi 19 septembre 2013

Rêve de caillou. (43)

-Oiseau, raconte moi une histoire.
Une belle, si possible. Une où la Terre tournerait rond.

- Une histoire de Terre ? Oublie-ça. Il faudrait remonter trop loin. Du Temps où Alice passait encore par le trou du terrier. Du Temps où Peter Pan savait encore voler. Et du Temps où les loups n'avaient pas face d'Hommes. Je vais te raconter une histoire de Lune. Pour te faire pleurer.
...Il était une fois...
Pleurer, ça commençait. Avec ce préambule. Un verbe être au passé. Ce petit mot de "une" des choses qui ne durent pas. Associée à" fois".

-Once upon a time,... reprend le volatile.
-Une fois sur le Temps...Bel Oiseau je t'écoute. Et sans interruption.
-Un petit caillou vivait sur le dos de la Lune. Ça fait quoi, un caillou? Surtout de ce côté!
 Ça vit sa vie de caillou.
 De savantes personnes diront que de rester à attendre comme ça, c’est faire partie de l'équilibre du monde. Être là, est la finalité. Et un jour, de l'état de caillou, on passe à la poussière. Car la postérité, cela ne veut rien dire. Il faut savoir rester logique et ne pas trop chercher ...
 Aussi, ses autres congénères en semblaient bien heureux. De leur vie de cailloux. D'être là dans le noir.
Sur le dos de la Lune, il ne fait jamais clair. Et il ne fait pas chaud.

Le petit caillou vivait ainsi depuis bien longtemps. Mais, en secret, il regardait les points lumineux...très très loin, tout là-haut. Qui lui dessinaient des images. Et cela l'occupait. L'aidait à attendre les grands vents. Qui réduisent en poussières.
C'est alors qu' un point brillant zébra le ciel avant de venir s'éteindre non loin de lui.
Puis un autre. Et le petit caillou se dit que peut-être, lui aussi, jadis,  il courrait dans le ciel. Et c'étaient là ses frères et ses sœurs qui venaient, pour parler avec lui.
Il le désira tellement que ce fût vrai. Un météore de la taille d'un grain, encore tout brûlant à ses côtés, lui dit:
- Tu regardes ces luminaires mais te souviens- tu  qu'il y en a un autre. Gigantesque et non loin d'ici...
De l'autre côté. Et qui inonde le visage de Séléné.

Il y avait si longtemps qu'il était là, que le petit caillou avait perdu la mémoire. Mais à partir de ce jour, il n'eut plus qu'une envie. Voir l'astre géant.
 Et sa vie de caillou fût encore plus morne qu'avant.
Les étoiles au firmament lui paraissaient maintenant bien fades. Seul le passage de  météores lui rappelant qu'Hélios était, lui amenait quelques joies.
Et le temps passa. S'il existait. Car rien n'est moins certain que le Temps sur le dos de Lune.

D'autres points lumineux vinrent le voir, un matin.
- Il n'y a pas de matin sur la face cachée!
- Ils vinrent un jour alors.
- Mais pas de jours non plus. Vinrent-ils ou il rêva ? Car ça rêve un caillou sur le dos de la Lune.
Et puis ça hurle aussi.

- Hors du Temps, si tu veux , une pluie de météores. Des météores gros comme des poings.
 Et le sol de trembler. Une autre pluie encore.
 Et le caillou qui saute, et qui saute , et s'envole sur les bords de son monde, à la joue d'Artémis. Limite du quartier.

Et là ! Comme un soleil.Comme un feu dans le ciel. Le caillou qui renaît. Qui brille. Qui se fait or, sur le sol d'argent. Et le caillou de prendre à lui tous les rayons. Il s'en gorge. Il s’enivre. Il en est aveuglé. Du rouge,du vermillon, du jaune, de l'orangé. Des explosions solaires. Qu'il est bon d'exister. De n'être qu'un caillou si c'est de l'admirer. De chanter ses louanges. Et de le regarder.

Sur la joue de la Lune, il y a des matins. Mais il y a des soirs.
 Hécate. Lune noire.

 L'histoire est terminée.

-Alors il y a encore espoir ? Car une lunaison représente juste une saison...
-C'est vrai en apparence. Mais tout est mouvement, donc sur Terre, parfois non.

 Et c'est souvent pour ça, qu'elle ne tourne pas rond.




jeudi 12 septembre 2013

Le Carnet de Correspondance. (42)

Du raisin sur la treille, conférences au jardin.
Et un parfum qui flotte.
Temps des rentrées lointaines. Poussiéreuse pendule à ce cadran scolaire. Qui s'est tout effacé.
Formation continue, en un rythme solaire. Du soutien accordé.

Celle-ci se veut épistolaire.  En grande section s'il vous plait. Mais version remastérisée.
Et maître Oiseau à son pupitre.
Qui dirige ou qui fait le pitre.
Met deux L au mot liberté.

Au programme de la saison,  un cours de destruction massive. Celle des lignes imaginaires...que l'on appelle des frontières.
Un cours de grande qualité. Celui de la Paix retrouvée.
 Ensuite, partage du goûter.

L'après-midi est pour les Sciences.
 Ciel, eau, jour, nuit, tropiques. Religieuses Mathématiques.
Puis cours de langues appliquées.
Des mots de toutes les couleurs au joli verbiage des fleurs.

Chapitre I, grand A, notez !

Que si le zéphir entremêle, et mêle encore les ancolies...l'automne apporte des colchiques...qui bien loin d'être toxiques, le cœur savent cautériser.




mercredi 4 septembre 2013

Feu d'artifice (41)

-Entends-tu?
Que devrais-je encore entendre ? J'ai sommeil et puis je ne veux plus écouter.
-Entends-encore. Juste un peu. S'il te plait.
Je soupire.
 C'est la fin de l'été , il n' y a plus rien à faire.
-Concentrons nous veux-tu?
J'obéis, j'obtempère. Oiseau est  insistant.
Les champs blonds sont coupés, que pourrais-je bien apprendre?

 Et là, la tige d'or qu'on a guillotinée, émet un craquement. Elle, et puis une autre. Une voisine plus loin.  Ça claque de partout, sur les bordures sèches, comme un feu d'artifice.
Jaillissent les criquets et les papillons jaunes.
 Je n'écoute plus, j'entends, je sens et je partage.

Sur le ciel encore bleu, sur le ciel mature, les feuillages eux aussi se découpent ridés. Rougissent de plaisir de voir encore briller, un soleil qui résiste à tous calendriers.
L'explosion se prépare. Celle des feux de l'automne. Et la terre crépite. Gardant en souvenir, au creux de ses sillons, et bientôt retournées par la charrue du Temps, les chaleurs de l'été.

jeudi 29 août 2013

Le Maître de Forges. (40)

Je cours les marchés et les villes. Je questionne même les souterrains.
 Il parait que seul sur son île, il sait les secrets de l'airain. Et  qu'il y  fabrique la foudre.
 Roche ignée, granite, lave en poudre.
 Le tout réduit en un chaudron.
 Minerai grouillant des entrailles. Que c'est un divin forgeron!
 Et qu'il claudique aux yeux du monde.

Bel indice pour le retrouver... 
Taratata, point de sornettes! Je veux un forgeron sorcier. 
Frappant du marteau sur l'enclume, et cuivre rouge et cuivre blond. 
Ami d'Achille, le saint patron
qui  au cœur de Rose soit capable, de fabriquer une belle armure
toute en acier inoxydable car oubli de mère Nature, 
il y manque  ... quelques épines.
Quelques épines bien acérées.

 Mais là, Oiseau n'est pas d'accord. Cela m'aurait bien étonnée... 
et le voilà parti dans mille explications :
 Botaniques...évidemment !
"La tige est encore près du sol. Là où croupissent les limons.
Mais le cœur tutoie le Soleil...c'est la meilleure des protections."

"...Ta Parole est murmure
Comme un secret d'amour
Ta Parole est blessure
Qui nous ouvre le jour;..,"
Gilbert Bécaud

mardi 20 août 2013

La poudre aux cieux (39)

Oiseau est un illusionniste. En son domaine il est champion mon bel oiseau caméléon.
Mais ce qui est vraiment magique, c'est qu'il ne le fait pas exprès.
On dirait un enfant gâté.
Parfois.
L'air de rien, le regard en coin.
Il trace les aurores du ciel. Et  mêle l'eau à l'horizon. Sait faire vibrer le diapason.
  Laisse apparaître des mirages dans des nuages plumes cendrées.

Ensuite il se tortille le bec... et puis petite moue étonnée.
-J'ai fait tout ça? Tout déclenché? Je n'y avais même pas pensé.

Et Oiseau s'endort sur sa branche... pour ne pas être dérangé. Mais demain il va se venger.
En poussant son chant  à tue-tête quand le soleil pointera le nez...

vendredi 2 août 2013

La Rose et la Salamandre.(38)

J'ai mis la rose entre deux pages...
Mille ans qu'elle attendait,  refleurissait sans cesse. Mille ans qu'elle espérait...dix siècles qu'elle savait. Même un peu plus encore.
 Odes des troubadours qui propageaient la flamme. 
Au détour d'un sentier, ou le long d'un chemin, il était obligé qu'elle le croise un matin.
 Rose les yeux vers le ciel, lui sur l'eau du ruisseau...ou accrochant aux arbres les voiles de dentelles de quelques araignées, les fileuses des bois.
Elle a crié très fort, en son for intérieur.  Pour que nul ne devine son appel dans la nuit. Ses prières au Soleil. Personne. Juste lui. 
Elle s'est habituée, elle allait même guérir.
 Pour cette floraison, était venu le temps de la résignation. Elle avait accepté de perdre ses pétales, de perdre les pédales...l'ombre  ne viendrait plus.
 Existait-il vraiment, le guide son âme? Ou bien tous ces messages, d'anges sinon de démons, n'étaient que dans sa tête. Et n'étaient que foutaise.
Elle a crié si fort...!
Rose un soir, sur son banc, Rose un soir sur sa pierre, l'espace d'un instant, au clair d'un réverbère  a reconnu sa voix...a capté sa Lumière. Libre, furtive et belle. Salamandre en plein feu.
Hélas...
 La victorieuse certitude suivie de la décrépitude...inéluctable de la fleur.

J'ai mis la Rose entre deux pages...dans mes chers livres elle va sécher. 
 A dans une autre vie, peut-être...!  La Fleur  sur le Temps sait danser.








mardi 11 juin 2013

Mon ancre violette. (37)

Quelques images pour un hommage. Semis de fleurs violettes.
 Sur fond de tablier. A l'heure du goûter.
Rhubarbe en confiture, raisin grappes vermeilles ou vendu en bouteille. Jus de fruit parfumé.
 Quelques histoires mystérieuses pour faire de moi une curieuse. Quelques histoires, quelques secrets. Goût de gâteaux flamands sucrés.
Dimanche midi palets de dame. Voyages en mots chemin des larmes. Illustrés de photos jaunies.
 C'était au temps des Dardanelles. 

Des mains parcheminées où danse le crochet.  Et où court la dentelle.
 Quand il s'adresse à elle, papa qui dit Grany. 
Des boules de parfum crème, eau de Cologne ambrée et papier d'Arménie.
Fragrance de lilas. Colchiques dans les près, à chaque fin d'été.
 Mauve de toute une vie, couleur en demi-teinte. Laissée en héritage. Pour mes heures d'écriture. Et de lecture aussi... 
Des livres auprès du lit.
 Pluie de petits dictons pour traverser le temps et garder la mémoire. Faire chanter les couleurs. 

Un chignon bien serré tout de fils argentés et suprême trésor, lorsque l'on a sept ans, une dent couleur or au sourire diamant.

vendredi 24 mai 2013

Tragédie du printemps.(36)

Soudain, un trait de gomme effiloche les mots que les passages avaient écrits à tire d'aile. Milliers de mots dessus le ciel. Phrases cousues depuis les arbres ont disparu comme traînées d'avions.
 Chansons douces des berceuses.  Mots de consolation. Paroles d'encouragement. Billets d'excuses aux heures de fièvres.
 Et tout ce temps passé à guetter que chats ou sacripants ne découvrent la cachette. A l'abri dans les pierres.
 Sans compter les tonnes de vers. Dont la recherche avait fait maigrir Oiseau.
 Ou l'avait fait prendre quelques kilos... A tourner dans les sauces ! Et à goûter les crêpes.

Depuis quelques temps plus rien n'était pareil.
 Oiseau le voyait bien.
 Les œufs de jade qui, jadis, avaient coiffé les oisillons n'étaient plus que poussières et dans le nid, à son approche, on détournait la tête.
 "Les lombrics n'étaient plus assez gras". Ou encore" l'étaient trop".
 Et la nichée soupirait,  en gonflant les petits poitrails. Et préférait tuer le temps à envoyer à coup de bec, des messages à ces galopins peuplant taillis et bois voisins.

Au plus beau de la journée, triste constatation.
 Le nid était vide.

Cela devait arriver. Nature l'a décidé ainsi. On ne fait pas les petits pour soi.

Comme un trait de gomme le Temps effiloche tout. Même ces marques que l'on croit indélébiles. Celles de l'Amour inconditionnel.
Sur sa branche, la pauvre huppe scrute le ciel. Maintenant, ses jeunes volent de leur propres ailes.
 Ne se retourneront-il pas ? 
J'ai lu un jour que les oiseaux ne savaient pas qu'ils savent.
 Mais ce que je sais aussi, c'est qu'un jour, à leur tour, les oisillons seront oiseaux.


vendredi 26 avril 2013

Le petit Théâtre.(35)

 Un ballet de brindilles. Décors de ciel fondant,  branchages à l'avant-scène. Sous le grand projecteur va-et-vient incessants. Printemps finalement a frappé les trois coups. Car la salle était pleine. Mais surtout impatiente.
 Oiseau fait son spectacle. Son grand show annuel. Sa kermesse colorée. Comédie musicale et grandes envolées.
Au lever du rideau sa mélodie naissante.
 Tonnerre d' applaudissements des joyeux contrevents aux façades de pierres.
 Comédie en trois actes:
"Oiseau construit son nid."


 Il faut ranger le nôtre. Nettoyage de printemps.

Un balai de coco. Pour chasser les ennuis. Les moutons d' "habitude" dormants sous les armoires.  Faiblesses,  préjugés, cafards et idées noires.
Aérons la maison, oxygénons nos cœurs, révisons jugements et autres à priori. Éveillons nos consciences  car si Oiseau s'affaire et semble n'avoir que faire de nos occupations, il reste aux aguets.
 De ses coulisses boisées.  Nommé  metteur en scène !

jeudi 11 avril 2013

Au pays de Merveille.(34)

Il est tombé des cordes. Que de l'eau, en cascade. Ciel qui pleure en séries. Un déluge sans arche, sans refuge, sans répit. Sans même de colombe. Oiseau de papier peint rayé d'un trait de gomme. Oiseau n'existe plus. Puisqu'il ne sert à rien. Qu'à montrer des chemins juste pour s'embourber.

Et Rose, en son jardin, et Rose sur sa tige a perdu ses pétales. Les unes après les autres.
Sous les assauts du vent, jadis son ami. Le même qui autrefois dissipait ses fragrances. Au delà des buissons. 
 La dent de cochenilles qui n'auront jamais d'ailes et convoitent sa robe, trouvant présomptueuse sa quête de soleil.
Et le poids des nuages inondant sa corolle. A la faire ployer sous son arc d'épines. A la faire toucher terre. 
Il est tombé des cordes ? Un genre de théorie ? 
C'est là que la merveille, celle qui veille au jardin, la vraie, Dame Nature, accomplit son miracle. 
A l'abri d'un pétiole, un point rouge, comme un grain, comme le centre d'un cercle. Où petit à petit, un bouton minuscule, va émerger du tout, et pointer vert des feuilles en s'ouvrant à la pluie. A pointer vert.. et Rose. 

lundi 18 mars 2013

Le musée imaginaire. (33)

 Une idée saugrenue. Celle de collectionner. Mais collectionner quoi ? 
Des fleurs comme la prairie? Bleuets et pissenlits? Fraîches fleurs de saisons.  En tapis, en boutons. Je les possède toutes! De chaque côté des routes.

Alors des cailloux blancs, silex et  fossiles, galets plats, coquillages.
 Si je suis sur la plage, je foule leur écrin et puis pour les cailloux, j'en ai plein les chemins.

 Il faut changer un peu et être originale. Dans mon monde musée, que puis-je  rassembler?
 Tant de soleils-levant éclairent mes horizons. Difficile de classer mes siestes estivales. Quand aux tics et aux tacs, des montres et des horloges, s'il fallait les compter, je ne dormirais plus. Et cela m’ennuierait, je collectionne les rêves. 

Je caresse l'espoir de remplir d'autres armoires. Une collection d'âneries? J'en ai bien quelques pièces. Devenir numismate ? Pour tester l'avarice...laissons là ces malices!

J'ai trouvé. Denrée rare. Collection de silence. Et de calme en tout genre. Kyrielle de soupirs, pauses et interruptions. De messes basses, de répits et de... chut! Tais toi donc !  








mercredi 6 mars 2013

Chant du" passer domesticus." (32)

 Une pause au doux soleil de fin d'hiver et un ciel qui devient sombre. Des oiseaux, de proie, ou de mauvaises augures qui de leur envergure, d'ailes qui n'en sont pas, nous cachent l'astre roi. 
 Cauchemar.
 Que veulent les rapaces? Prédateurs associés ! En bande organisée.
Griffes, serres acérées et le bec crochu. Parachute doré au cas ou les soupirs, les souffles de la plaine baisseraient la cadence. Ne les maintiendraient pas. A leur très hauts paliers.

Tels Icare, un jour ou l'autre, ces messieurs vont tomber, à force de vouloir flamber. 

Le soleil déteste qu'on lui fasse de l'ombre. Il effiloche bien les nuages...il les fera partir en fumée. 

Tôt ou tard.  Parole de moineau !

lundi 25 février 2013

Marchand d'heures. (31)

-"Il faudrait que s'ouvre une épicerie. Tout me fait défaut, même ici!
-"Tout ?" siffle Oiseau.
 -"Pas tout tout, vois-tu, mais au moins pouvoir trouver l'essentiel.
A commencer par de grands bocaux. Des grands bocaux de temps. Du temps en billes rouges, du temps en billes bleues qui colorent la langue. Et en faire des bulles. Des bulles qui explosent si on les gonfle trop...
 Des matins soleil en sirop. Des soirées sans déconfitures. 
 Ou encore des heures en bouteilles. En tête de rayon. A consommer sans modération.
Des boites de minutes à craquer comme des allumettes. A croquer comme des gaufrettes.
Une épicerie avec un coin fromagerie. Du temps en tranches, pour l'apéro. Quelques trous dans le temps juste pour faire joli, du demi affiné. Même du temps à râper.
 Et à la devanture, coin des quatre-saisons. Des kilos de journées pesées sur la balance...du temps à dépenser. Sans devoir le compter."

vendredi 15 février 2013

Tremblement de routes. (30)

 Un voile azur qui tombe à la fenêtre. 
Enfin.
 Oiseau est en voyage..., génial! ça tombe bien.
-" Éveillons nous vite Rose. Quittons l'imaginaire. Et poussons au delà les barrières du jardin. En guise de déjeuner je propose un bol d'air. "

Lavoir abandonné. Halte du petit cours d'eau.
Je pense aux bâtisseurs. Sans intérêt sans doute, à leurs vies traversées. Des voisins d'autrefois. Fades comme je peux l'être... quand je ne suis que moi.
  Et Rose qui murmure que les pierres posées sont bien l'oeuvre des Hommes mais que c'est leur esprit qui les a commandé. Et peut être leur cœur qui voulait abriter les lavandières- sœurs.
Des Oiseaux et des Roses ont toujours existé. 

Je poursuis sur la route. Des talus me regardent. Avec leurs yeux soleils,  ou encore les prunelles de quelques véroniques. 

Dans le ciel une course. De deux traînées d'avions. Et je pointe le nez dans leur blanches directions.
  Mince, il m'a repéré!  Oiseau sur le retour voulait faire remarquer, la soulignant, la Lune! Sphère ourlée de lumière à deviner dans l'ombre. Luminaire d'argent qui suivait l'astre d'or. Et qui marque le temps.

...Il va falloir rentrer...Rose a leur cœur serré.

A traverser les bois, quand passent les nuages, l'hiver s'accroche encore aux branchages frileux.  Boue et terre gorgée, feuilles mortes en tapis. Troncs. Sous- bois vert moussu. Pagailles échevelées.

Mais soudain, à peine défroissée, sur sa branche sauvage... une fleur de prunier.

dimanche 10 février 2013

Adieu l'hiver...et qui dit vert...j'espère! (29)

Ce matin je me suis éveillée avec des fourmis dans les jambes. Ça change d'un oiseau dans les pattes...
Envie de mettre de la couleur partout. De faire éclater de rire les bourgeons des arbres, de grimer en bleu un ciel  bas résilles , de semer confettis au vent.  Et de sortir mon parapluie pour crever d'ennuyeux nuages.
Aussitôt se lève une tempête arc en ciel.

 Un tablier de vichy rose pour me masquer en écolière, un nez pincé et un chignon, et dans la peau de la rombière.  Un manteau de fourrure mitée sous des lèvres peintes à l’excès.
 Belle du port sur la jetée.
 Un ciré jaune de pêcheur parti à l'assaut d'une écume. Mousse de bière blonde, et ambrée. Même de blanche et puis de brune.
 Pagne de paille, noix de coco, et traits noircis et chapeau plume.
 Caricature des marchands d'hommes.
Qui est la femme ou l'ouvrier ? Est ce la voix de mon  patron dans l'air paillard de ces chansons ?   Brumes à boire,  fumées d' usines.
Est ce mon cousin ? Est-ce ma voisine ? 
En vieille bourgeoise endimanchée galopant moinillons ventrus. Eux se gavent de  harengs-saur crus...

Hola! de qui se moque-t-on? Aux cendres irez en confession.
Fifres tambours à l'unisson.

à ma ville de naissance et son carnaval
  

mardi 5 février 2013

Point d'interrogation. (28)

Les poings sur les hanches, je regarde Oiseau droit  dans les yeux et lui dis :
  
- "Des points sur des i et des points alignés... Des points à discuter et puis à en découdre. A broder, à compter, à contourner aussi... surtout lorsqu'ils ne tournent pas trop ronds.
Les relier entre eux, jusqu'à ce que des traits... d'esprit livrent leurs intentions..."

-"Carrément grotesque !" siffle beau merle.

-"Nous y voilà ! Tu me brises les lignes ! Résultat, moi je perds le droit fil de la conversation.  Quand serons nous sur le même plan? Tiens des stances affines dans tes gazouillements ! Sache que je n'ai pas d'ailes, pas le moindre segment pour te suivre ainsi et ce par tous les temps !"

Oiseau me fait croire qu'il pourrait arrondir les angles mais déjà il s'envole.
 Aux quatre points de la rose des vents.



jeudi 31 janvier 2013

Docteur. (27)

Je suis malade.
 Oiseau a pris son stéthoscope et chaussé des verres demi-lune improvisés d'années d'études.
-"Symptômes"? demande-t-il d'une voix qu'il décore théâtrale.
-"J'ai la nausée. J'ai vomi des fantômes. Je croyais pourtant les avoir bien digérés."
-"Vous mangez trop vite, je vous l'ai déjà dit. Était- ce désagréable?"
-"Non point. Bien au contraire. C'est là ce qui m'inquiète. Mais j'en ai conservé une vive douleur, au creux de la poitrine."
Oiseau me frôle le front de ses rémiges expertes et constate la fièvre.
-"Suivez-vous bien votre régime? Racines de passé promesse, assaisonnées de sel de songes, à commander chez Utopie ?"
-"Je m'y applique jour et nuit. 
-"Alors c'est que vous lisez trop. Et que vous ouvrez trop les yeux. Cela vous fait tourner la tête. Bouchez-vous donc mieux les oreilles, gardez vos paupières mi-closes.
Inutile de vous faire ordonnance, vous ne la respecterez pas." 




lundi 28 janvier 2013

Ma Forêt. (26)

Ma forêt était petite et vaste à la fois.
Une mine de graphite, au bois fossilisé, gaînée dans une branche. Cèdre, pin, châtaignier. Et qui semait ses graines sur des feuilles cousues. Qui ne craignaient l'automne ni la morte saison.
Ses bois poussaient en lignes. Espaces et pointillés. En gravure, en récits qui contaient méchants loups. Ou gentils chevaliers. Mais aussi le contraire.
Et je la parcourais en écoutant la mer...et la corne de brume qui ne servait qu'aux mâts d'une forêt qui n'est pas.
De taillis, de sentiers, de bois de cornouillers mais surtout d'une clairière. Celle ou passe la lumière. Qui reste bien cachée. Pour  abriter des fées, pour les faire danser. 
D'arbres à la serpe d'or, temples, piliers vivants, et dont montent les chants annonçant les saisons.
Ma forêt me chauffait les doigts, les soirs où j'avais froid. Et elle  promettait de nourrir de ses baies mon âme sauvageonne.
...Je ne l'ai pas retrouvée. 

dimanche 20 janvier 2013

L'Amande amère. (25)

Oiseau me tend un catalogue. Oiseau ne sait plus qu'inventer.
Il me demande de choisir parmi les pages au fond bleuté.

Et me glisse pour instrument comme un filet à papillons.

Pour capturer Deneb blanche, et m'envoler avec le cygne. Au cœur du triangle d'été. 
Ou pour saisir au pied d'Orion, Rigel la bleue. Pouvoir fouler la voie lactée et en chasser tous les délices.
Cueillir la Perle à la Couronne. Les feux de la Boîte à bijoux.
Ou m'accrocher à la monture du cavalier Alcor de l'Ourse, et chevaucher cheveux au vent pour suivre Mizar dans sa course.

Je pose le tout et je m'en vais.

 J'escalade la haute montagne.
- C'est l'edelweiss que tu voulais ? demande Oiseau surpris tandis que je m'éloigne. Pour atteindre enfin l'océan.

- Une étoile de mer ? Puisque sinon des neiges. 

Je plonge à mains nues dans l'eau trouble, je les ressors ensanglantées.
Et de brandir haut mon trophée.
Une pelote urticante
encore violette de son bain d'encre
au bar des calamars du coin. 
Ce que je veux c'est cette étoile, celle qui se cache en cet oursin. C'est la plus brillante du ciel. Je te demande de l'accrocher. A côté de l'étoile Polaire. 

Oiseau me laisse choir en gloussant. Il part tout en haussant les ailes et en ignorant, à mes cils,  ces inexplicables diamants.




  

  

vendredi 18 janvier 2013

Deux enfants au soleil. (24)

Brume du soir.
Encore un autrefois. Du temps de l'autre moi.
Du temps de l'insouciance.
Deux Marie qui marchaient. Et qui n'étaient que rires.
Rêves d'adolescentes sur des chemins tracés.

Tu n'étais point rebelle, et acceptais ta vie.

Au lycée, quand nous étudiions les poèmes de Verlaine, tu te demandais si les auteurs étaient conscients des litotes, des allitérations qu'ils posaient ça et là. S'ils le faisaient exprès. Ou si leurs mots venaient comme ça. Dans une grâce non recherchée.
Je disais "Je ne sais pas" en mâchouillant le bout de tes crayons, ce qui te faisait rire. Moi je perdais toujours les miens. Sur les îles qui peuplaient la marge de mes cahiers.

A l'âge où l'on veut plaire, nous écoutions, à la radio, chez ta grand-mère, les exploits de héros aux vertes armoiries, chevaliers dont la lance était un ballon rond.

Les buts des stéphanois ... Nous étions fort savantes en corners, penalty.  Nos matchs secrets à nous, c'était de voir laquelle aurait droit au timide sourire à l'entrée de la classe.

Tu t'es mariée bien jeune. Et moi de Stéphanie suis devenue marraine. Mais une fée souvent absente. Parce que le temps avait passé, qu'il avait transformé nos routes. Les complicités se sont mues en repas de famille.

Un jour, à cet âge ou l'on n'a pas encore un cheveux blanc, la pâleur a gagné le rose de tes joues. Doucement. Impitoyable avec toi malgré ton franc sourire. 

J'ai gardé une image. La dernière de toi. Bien avant que tu ne partes. Dans la métaphore de ton regard à la barrière de mon jardin. Tu ignorais encore mais tu savais déjà.

Souvent, depuis, quand tu viens comme une brume, tu as quelque chose à me dire. Quelque chose à me raconter. De la vie simple. De la vraie vie. 
Le temps ne gomme pas tout...

A Marie-France et pour Stéphanie...





lundi 14 janvier 2013

L'or des jardins. (23)

S'arrêter sur des détails que l'on n'avait pas remarqués:
 Pas toujours facile lorsque l' on est occupé ! A courir après le temps.
A brasser du vent de force rien qu'artifice. D' en attendre toujours futiles bénéfices.

Promenade salutaire. Juste pour respirer. Pour saisir le parfum d'un jardin embaumé. Se sentir anémone que Zéphyr redécouvre.

 Et crier sa soif au soleil...

- Cesse de jacasser, me dit Oiseau chardon ! Et cherche la rosée ! Pique ton attention ! 
- Je sais ou elle se pose ! Je vais bien la trouver ! Au cœur du parapluie de flammes capucines. Aux grappes papillons de ces mauves glycines.
Aux herbes de Saint-Jean, aux liserons en coupes, aux clochettes de mai, aux pleurs de l'ancolie.Je sais ou elle se cache, je sais, elle est ici !

 Mais là je cherche en vain. Ma Rose ne peut m'aider, elle n'est pas au jardin !

Ivre de certitude. Titubant de raison et forgée d'habitude, mon pied trop assuré aller fouler une herbe. Petite qui poussait, doucement, au soleil.

- Regarde! crie Oiseau! Regarde ce que tu fais! Elle te tend la main. Laisse toi  donc surprendre et  ne néglige pas celle qui pourrait t' apprendre. Sois moins sûre de toi, sois moins évaporée.

Rameau de Marjolaine dans ses paumes coupelles qui m'offre pour m'aider les larmes du soleil. Et puis pour m'abreuver. Pour étancher ma soif.  Des perles de rosée, valant tout l'or du monde.

merci...










mardi 8 janvier 2013

L'Encre de tes Yeux. (22)

Odeur de craie, odeur rentrée.
Un tableau noir et sa morale. Comme de l'encre à tatouer. En rondes bien orthographiées, boucles de pleins et déliées. 
 Et l'Histoire, écrite en cursives. Dans des châteaux tout bouillant d'huile. Ou la triste princesse file. En attendant son bien-aimé.
Des ponts-levis, des barricades, Vauban qui partage le pain. 
Les rois Louis, tristes aubades du combat de ceux qui ont faim.

Quelques bûchettes pour compter. En ce doux bois de peuplier.
Phalanges articulées ivoires. Leçon de choses en l'encrier.
 Conjugaison de percevoir ? Au subjonctif s'il vous plait!
Il me faut prendre la tangente pour en trouver la solution.
Je suis la somme de vos regards, l'inconnue est mon équation.