Si votre cœur comprend le message de l' oiseau, si votre oreille s’émeut du murmure du ruisseau ... ou si vous vous laissez simplement guider par ce que vous nommez le" hasard" , bienvenue et bonne lecture.

jeudi 19 septembre 2013

Rêve de caillou. (43)

-Oiseau, raconte moi une histoire.
Une belle, si possible. Une où la Terre tournerait rond.

- Une histoire de Terre ? Oublie-ça. Il faudrait remonter trop loin. Du Temps où Alice passait encore par le trou du terrier. Du Temps où Peter Pan savait encore voler. Et du Temps où les loups n'avaient pas face d'Hommes. Je vais te raconter une histoire de Lune. Pour te faire pleurer.
...Il était une fois...
Pleurer, ça commençait. Avec ce préambule. Un verbe être au passé. Ce petit mot de "une" des choses qui ne durent pas. Associée à" fois".

-Once upon a time,... reprend le volatile.
-Une fois sur le Temps...Bel Oiseau je t'écoute. Et sans interruption.
-Un petit caillou vivait sur le dos de la Lune. Ça fait quoi, un caillou? Surtout de ce côté!
 Ça vit sa vie de caillou.
 De savantes personnes diront que de rester à attendre comme ça, c’est faire partie de l'équilibre du monde. Être là, est la finalité. Et un jour, de l'état de caillou, on passe à la poussière. Car la postérité, cela ne veut rien dire. Il faut savoir rester logique et ne pas trop chercher ...
 Aussi, ses autres congénères en semblaient bien heureux. De leur vie de cailloux. D'être là dans le noir.
Sur le dos de la Lune, il ne fait jamais clair. Et il ne fait pas chaud.

Le petit caillou vivait ainsi depuis bien longtemps. Mais, en secret, il regardait les points lumineux...très très loin, tout là-haut. Qui lui dessinaient des images. Et cela l'occupait. L'aidait à attendre les grands vents. Qui réduisent en poussières.
C'est alors qu' un point brillant zébra le ciel avant de venir s'éteindre non loin de lui.
Puis un autre. Et le petit caillou se dit que peut-être, lui aussi, jadis,  il courrait dans le ciel. Et c'étaient là ses frères et ses sœurs qui venaient, pour parler avec lui.
Il le désira tellement que ce fût vrai. Un météore de la taille d'un grain, encore tout brûlant à ses côtés, lui dit:
- Tu regardes ces luminaires mais te souviens- tu  qu'il y en a un autre. Gigantesque et non loin d'ici...
De l'autre côté. Et qui inonde le visage de Séléné.

Il y avait si longtemps qu'il était là, que le petit caillou avait perdu la mémoire. Mais à partir de ce jour, il n'eut plus qu'une envie. Voir l'astre géant.
 Et sa vie de caillou fût encore plus morne qu'avant.
Les étoiles au firmament lui paraissaient maintenant bien fades. Seul le passage de  météores lui rappelant qu'Hélios était, lui amenait quelques joies.
Et le temps passa. S'il existait. Car rien n'est moins certain que le Temps sur le dos de Lune.

D'autres points lumineux vinrent le voir, un matin.
- Il n'y a pas de matin sur la face cachée!
- Ils vinrent un jour alors.
- Mais pas de jours non plus. Vinrent-ils ou il rêva ? Car ça rêve un caillou sur le dos de la Lune.
Et puis ça hurle aussi.

- Hors du Temps, si tu veux , une pluie de météores. Des météores gros comme des poings.
 Et le sol de trembler. Une autre pluie encore.
 Et le caillou qui saute, et qui saute , et s'envole sur les bords de son monde, à la joue d'Artémis. Limite du quartier.

Et là ! Comme un soleil.Comme un feu dans le ciel. Le caillou qui renaît. Qui brille. Qui se fait or, sur le sol d'argent. Et le caillou de prendre à lui tous les rayons. Il s'en gorge. Il s’enivre. Il en est aveuglé. Du rouge,du vermillon, du jaune, de l'orangé. Des explosions solaires. Qu'il est bon d'exister. De n'être qu'un caillou si c'est de l'admirer. De chanter ses louanges. Et de le regarder.

Sur la joue de la Lune, il y a des matins. Mais il y a des soirs.
 Hécate. Lune noire.

 L'histoire est terminée.

-Alors il y a encore espoir ? Car une lunaison représente juste une saison...
-C'est vrai en apparence. Mais tout est mouvement, donc sur Terre, parfois non.

 Et c'est souvent pour ça, qu'elle ne tourne pas rond.




jeudi 12 septembre 2013

Le Carnet de Correspondance. (42)

Du raisin sur la treille, conférences au jardin.
Et un parfum qui flotte.
Temps des rentrées lointaines. Poussiéreuse pendule à ce cadran scolaire. Qui s'est tout effacé.
Formation continue, en un rythme solaire. Du soutien accordé.

Celle-ci se veut épistolaire.  En grande section s'il vous plait. Mais version remastérisée.
Et maître Oiseau à son pupitre.
Qui dirige ou qui fait le pitre.
Met deux L au mot liberté.

Au programme de la saison,  un cours de destruction massive. Celle des lignes imaginaires...que l'on appelle des frontières.
Un cours de grande qualité. Celui de la Paix retrouvée.
 Ensuite, partage du goûter.

L'après-midi est pour les Sciences.
 Ciel, eau, jour, nuit, tropiques. Religieuses Mathématiques.
Puis cours de langues appliquées.
Des mots de toutes les couleurs au joli verbiage des fleurs.

Chapitre I, grand A, notez !

Que si le zéphir entremêle, et mêle encore les ancolies...l'automne apporte des colchiques...qui bien loin d'être toxiques, le cœur savent cautériser.




mercredi 4 septembre 2013

Feu d'artifice (41)

-Entends-tu?
Que devrais-je encore entendre ? J'ai sommeil et puis je ne veux plus écouter.
-Entends-encore. Juste un peu. S'il te plait.
Je soupire.
 C'est la fin de l'été , il n' y a plus rien à faire.
-Concentrons nous veux-tu?
J'obéis, j'obtempère. Oiseau est  insistant.
Les champs blonds sont coupés, que pourrais-je bien apprendre?

 Et là, la tige d'or qu'on a guillotinée, émet un craquement. Elle, et puis une autre. Une voisine plus loin.  Ça claque de partout, sur les bordures sèches, comme un feu d'artifice.
Jaillissent les criquets et les papillons jaunes.
 Je n'écoute plus, j'entends, je sens et je partage.

Sur le ciel encore bleu, sur le ciel mature, les feuillages eux aussi se découpent ridés. Rougissent de plaisir de voir encore briller, un soleil qui résiste à tous calendriers.
L'explosion se prépare. Celle des feux de l'automne. Et la terre crépite. Gardant en souvenir, au creux de ses sillons, et bientôt retournées par la charrue du Temps, les chaleurs de l'été.