Si votre cœur comprend le message de l' oiseau, si votre oreille s’émeut du murmure du ruisseau ... ou si vous vous laissez simplement guider par ce que vous nommez le" hasard" , bienvenue et bonne lecture.

samedi 29 décembre 2012

Perdue dans les nuages. (21)

 Sur fond de ciel dragée, le matin cotonneux. De ces paquets de ouate, des phylactères soyeux.
Oiseau a fait des bulles.
Une bande dessinée. Sans image, que des mots. Mais des mots mélangés.
Tu parles d'un cadeau !
J'ai pourtant été sage...

Ponts, bois et Infinis
Vieux françoy, point de fuite
Lapins et Bout du Monde.
Tombelaine, Plume, Epée,
Hugo, un chausson d'or
Chats, couronne enchâssée.
Pierrot lunaire, étoiles
regards perdus, chaussées

 ...et maintenant cigogne ?

Mais Oiseau qui es tu ?

Résolution, attendre.
St Sylvestre pluvieux de gerbes colorées. Pour remettre de l'ordre. 
2013  Soleil...Pour percer les nuages. 

mardi 25 décembre 2012

Au pays des senteurs. (20)

Une autre nuit. La nuit, en fait. 
Toit effondré, grange étoilée tend ses battants. Elle m'invite à m'arrêter. 

Dormir d'un œil:  narines ouvertes.

 Au chaud,  à l'abri,  pays des songes,  me voilà partie.

Air vif... Montagne... Forêt... Sapin ! 

Cire chaude dont la mèche révèle un parfum.
 Cannelle.
Zestes d'oranges, fruits déguisés.
Un crépitement dans la paille et les oreilles de tricher. 
D'imaginer four et  volaille. 

Un peu de concentration ! 
 On a dit: "Que le nez !"
Sens de la vie et puis du souffle.

Fumée de quelques cheminées ? De chapons dont les gras s'envolent.
Attendre, le matin espérer.
Une odeur de Noël qui restera toujours.
La brioche maison, tressée avec amour.

dimanche 16 décembre 2012

Saltimbanque. (19)

Roulement de tambour.
Exprimée sur le parvis, la vie. La vraie et tous ses masques.
Les premiers hommes que je rencontre depuis mon arrivée en ce monde d'illusions.
Montés sur des échasses, avec leurs ailes de tissus et leurs becs de papier mâché.
Les tambourins et puis les flûtes.
Spectacle de rues. Cracheurs de feu.
Un manège de carillonneurs, boîte à musique qui s'élève au dessus de la foule. Et les embarqués de jouer du maillet sur des lames d'acier. D'agiter leurs clochettes dans leur costumes couleur de lune.
Restés au sol des enfarinés d'Arlequins sautent des bancs.
-" Au saltimbanque! Poussez-vous!
Des miracles la cour à genoux !
Votre reine. 
 La bohémienne."

Car sur sa table, l'émeraude d'Hugo, n'en finit pas de faire tourner ses jupons de lumière. L'ombre d'hier déjà s'éteint.

mercredi 12 décembre 2012

Depuis la nuit des Temps. (18)

Herbier séculaire. Posée au sol comme séchée entre les feuilles d'un livre, Rose a une sœur calcaire. 
Dédale. Quel chemin emprunter pour atteindre le centre de ce tapis de fleur à fleur unique ? Encore un jeu ? Drôle... Si oiseau était là...il saurait.

J'avance à pas comptés mais ceux-ci  m'éloignent du but. J'ai fait fausse route.
 Des croisées de chemins il y en a beaucoup. A chaque carrefour des coins de rues. Des leurres, des faux-semblant. Et d'autres murs encore.
J'ai perdu des années ou les ai-je gagnées?  
 Rose ma foi est là et dans mes poches mes carnets de routes sont intacts. La pluie n'aurait su les mouiller, ni le vent me les emporter.
Je tourne en rond, je dois chercher ailleurs. Changer de direction. Le soleil se lève à l'est et moi je n'y avais même pas prêté attention.
Nouveau sentier calcaire et s'ouvre un  autre monde, tout en couleur. Rose a une sœur de verre.
 Son rayon bleu illumine la pierre.  Le temps n'existe plus. Juste le beau et la lumière.  Et je te reconnais au battement de mon cœur.

jeudi 6 décembre 2012

L'enfant des cathédrales. (17)

Je crois que c'est là que Rose  en mon cœur fut semée. Il y a si longtemps. Tellement longtemps que j'avais oublié les termes du message essentiel nous liant pour toujours. Et le nom des bâtisseurs de ce temple encore en noir et blanc.  Je me souvenais juste que c'était autrefois. Au temps où l'on pouvait encore croire à ses rêves. 
 Le décor, un vaisseau. Grandiose. Comme un grimoire de pierre renfermant des siècles de secrets. Écrits en art gothique. Un labyrinthe couloir, fil d'Ariane à ma mémoire et surtout, à travers ce retable sculpté aux  personnages de bois peints, la passion d'une vie. Celle d'un petit Jacques aux cheveux couleur paille pleurant la perte de son trophée d'apprenti. Une pantoufle dorée.
Film d'enfance. Magie de Noël.
J'ai mis longtemps à retrouver cette phrase égarée. Parole perdue. Puis à la faire traduire depuis sa langue d'origine, la version française demeurant introuvable. On me l'a envoyée juste avant que j'entreprenne ce voyage. La voici en essence :
 "Lorsque nous pensons avoir obtenu tout ce que nous désirions dans l'existence arrive le moment qui détruit et brise tout. C'est en cela que se trouve la force et la grandeur de l'homme. Son pouvoir à se redresser et continuer sa marche en avant. Vers l'unique satisfaction.  Celle d'utiliser ses capacités créatrices ou intellectuelles pour laisser une trace durable de son passage ."

Rose a grandi. Dans cette autre cathédrale. Et me dit simplement "fay ce que vouldras...fais donc et puis partage". 

lundi 3 décembre 2012

Le marchand de couleurs. (16)

Je ne sais pas si Oiseau m'a suivie. Je continue à arpenter la ville.
Toujours la tête dans les nuages, mon regard croise  un vieux chaudron noirci d'où jaillit l' arc en ciel.
  Enseigne à visiter. Absolument !

En ce lieu, la couleur est reine.
Un"bleu de Prusse" empourpre une "garance", un"vert anglais" sirote un verre de "menthe".
 "Citrouille" et "châtaigne" nous donnent quelques "crème".
 "Gris souris", l'effronté, nargue un cousin "gris taupe".  Je vous le donne en mille, sur un tapis de "terre de Sienne".
 "Jaune de Mars" et  "blanc lunaire" glissent sur des pigments " bleu nuit".
"Vermillon" cramoisi est complètement "vert de gris". Il a omis d'ajouter un "vert d'eau" au "vert bouteille" du "vert anis". Quelle "Pistache" mes amis!

 Je fouille la boutique. On dit qu'au pied de l'arc en ciel, il y a un trésor. Pas facile de les repérer quand on a la tête dans les nuages. Surtout que les trésors, c'est souvent à nos pieds qu'ils se trouvent.  




mardi 27 novembre 2012

Au magasin d'antiquités. (15)

 Une odeur de bois sec et de poussières, un magasin comme un grenier.
  Plancher qui craque, toiles d'araignées.
Et des malles et des boîtes. Et coffres et coffrets. Même quelques tiroirs dont on n'a plus la clé.
J'examine le contenu d' un grand panier d'osier :
 Un chapeau de paille jaune s'envole au ciel d'été.
 Un vieux chat dont le nom et la couleur sont égarés, mais qui n'a pas perdu sa langue,  boit du lait dans une coupelle de verre teintée.
 D'anciens clichés jaunis, visages rescapés sur guipures et dentelles ou sur cols d'officiers.
 Un sachet de boutons, une perle, un crochet. 

Je change d'étagère. Boîtes à joujoux, boîtes à bijoux.
 Boîte à musique, l'air de tout, l'air de rien. Vent qui siffle en s'engouffrant sous la porte,  et l'écho sourd d'un avion qui survole mon horizon depuis un demi-siècle. Toi dedans dont je ne peux me souvenir.

Autre comptoir, il y en a tant. Je jette un dernier coup d'œil. Du vieux et du récent.
 Une boîte à fenêtres. Ouverte sur un jardin secret.  Une boîte de déceptions. Messages à la corbeille, ils ne sont  qu'illusions.

vendredi 23 novembre 2012

Quand on arrive en ville. (14)

Au chant du coq je m'éveille boudeuse.
Et j'avance. Je marche longtemps.
Mon destin.

Je voudrais une ville. Petite. A la dimension de mes rêves. 
Un chemin pour y accéder. Bordé d'arbres de carton-pâte. 
Cité close et pavée qui garde sa porte ouverte. Jour et nuit.

Je l’atteins entre chien- loup. Exprès. Pour saisir les lueurs orangées qui éclairent les hautes fenêtres des ruelles tortueuses. 
Des réverbères aussi. Une ville sans réverbères ce n'est pas une ville.
 Au dessus de quelques portes, des enseignes tintent au vent du soir. Des métiers d'autrefois que désignent fer forgé et bois peint.

Un jardin de simples. Enluminé. Miniature sur parchemin soulignée par l'or du couchant. Jardin de curé ?
Un autre, plus loin. Celui de Tistou peut-être. Gravure sortie d'un manuel scolaire. Sillons tracés à la mine de plomb. Une brouette, un banc, des arbres en espalier fait de hachures fines.

Un clocher qui rythme les heures.

Et un porche. Pour attendre demain.






dimanche 18 novembre 2012

Douce Nuit. (13)

A l'heure où Oiseau ulule, le ciel se teinte d'améthyste. Et les cristaux de cette géode font pointer mille éclats. Diamants bleus, les plus beaux à mes yeux.
La lune, opale, glisse sur la paroi scintillante.  Alors, la nuit brille de tous ses feux.

Je suis ombre chinoise sous la coupole. Assise le cou au ciel tendu.
Lire dans ces étoiles, connaitre le secret de ces constellations, premières légendes des Hommes. Conte de la nuit des temps.

Les tumultes d'un hier défunt s'éloignent à l'horizon.

Il me croit égoïste. Je serais centre du monde!
 Le suis-je, minuscule chose, microscopique forme sombre ? 
Qu'est ce que je me sens petite! Petite et grande à la fois. Tout un monde moi aussi. 
Et, au centre, endormie, Rose qui dort en bouton. Rose comme un bouton d'or.




mardi 13 novembre 2012

Mon amie la Rose. (12)

Je l'ai cherché longtemps. Dans les bois, dans les champs.
A la cime des chênes. Aux bruits de leurs feuillages. 
J'ai couru les sources jaillissantes des vallées qui auraient pu baigner ses plumes. J'ai escaladé les monts jusqu'aux sommets qui m'avaient découvert son ciel.
Oiseau, mon bel Oiseau demeurait introuvable.

Rose, petite étincelle, murmurait en mon cœur, de chercher encore. Et toujours.
Le manque était si grand que je la sentais faiblir.
Il ne fallait pas qu'elle s'éteigne. Mais de jours en jours, elle ne brillait plus que d' épines.

Un soir, en m'égratignant, elle me dit que j'avais visé trop haut. Les princes ne s'attardent pas sur les bergères. Les oiseaux-caméléons ne guident pas les vagabondes.
Pour la première fois j'ai pleuré.
Larmes d'Amour ? Sanglots d'Orgueil ?
 La Rose s'est alors abreuvée. Je la sentais revigorée.
Et une nuée de moinillons, ébouriffés et pépiant, m'ont dessiné un carnaval. De vrais oiseaux de Paradis. Simples et modestes. Sincères, encourageants. Mes vrais amis.
Alors Oiseau, tel un géant, est apparu sur son grand char.

-"C'est toi que tu aimes", a-t-il alors entonné. "Mais seul ton pleur correctement nommé pouvait à ton âme  le prouver. "  

vendredi 9 novembre 2012

Le Miroir aux Alouettes. (11)

Mirage. Un Lac. Miracle.

Je me penche sur son miroir. L'onde est habitée. Elle a les yeux verts. Sans doute qu'elle espère.
-"Que viens-tu ici chercher ? " ondulent les flots.
-"Si je le savais..."
Je ne m'attendais pas à cette question. 
Si, en fait, je n'attendais qu'elle.
-"Sans doute la même chose que tout le monde. Mais les autres ne savent pas forcément  qu'ils cherchent, alors, ils restent chez eux. Dans leur salon."
-"Que viens tu ici chercher ? " y revient la vaguelette.
-"Je ne sais pas moi...l'Amour, la Liberté, la Joie, la Vérité.
-"L'Amour ?...L'as-tu trouvé ?"
Le rose monte à la surface de l'eau claire.
-"Onde indiscrète...je crois...peut être... Il me joue du violon et il connait mon prénom. Je sais lire son langage et comprendre son verbiage. Il s'amuse à me surprendre et son amitié est tendre. Il ne me l'a pas chanté mais ses ailes l'ont dessiné. Elles en ont tracé le trait."
-"Tu as vu, et entendu. Et follette tu t'emballes. Tu devines une réponse. Et tu t'emprisonnes, tu t'enfermes dans des certitudes que tu as crées de toutes pièces."

Cette eau m'agace ! Elle veut des preuves. Je vais lui en donner.
-"Mon bel Oiseau...m'aimes-tu ?"
Mais Oiseau a disparu.

lundi 5 novembre 2012

La Marelle. (10)

L'oiseau sautille. L'oiseau se tait. Il veut jouer.
A cloche-patte, petite perche, à cloche-pied.
Sur un parcours tout blanc de craie un puits, la terre.
Des horizons, colimaçon, fusée lunaire
chapelle fondée en croix tracée cours d'école.
Nos âmes lancées, petits palets, à tour de rôle
sauter l'enfer,
se reposer,
sous l' arc, un ciel.
Oiseau m'invite, à avancer, sur la marelle.

En équilibre sur un seul pied, bras déployés,
accompagné en ce chemin d'embûches semé
par un long vol de pèlerins, plumes cendrées,
qui vers l'été, dessus nos têtes s'en sont allés.






mercredi 31 octobre 2012

La Tour de Babel. (9)

L'oiseau babille. L'oiseau gazouille. L'oiseau roucoule et puis jacasse.
Que veut-il encore me chanter? Quelle merveille veut-il me montrer?
Pour tout savoir, pour tout comprendre moi, je voudrais parler oiseau.
Ainsi je saurais écouter.
Ce que murmure le ruisseau. Les mots du vent dans les ombelles.
L'air du moulin, sa ritournelle. Le nuage qui glisse en plein ciel.
Le franc soleil et son halo.

Les hommes ne se comprennent jamais .
Non pas à cause de leur grammaire. Ni la prononciation de ces mots issus de leur vocabulaire.
Même les linguistes avertis, les polyglottes chevronnés
n'entendent le sens de leurs adverbes.

Les banquiers s'expriment en monnaie, les généraux discutent en armes
Les hommes politiques comptent en voix, les amours déçues sont en larmes
les religieux ont leurs versets, les journalistes leurs sensations,
et ne déroge à sa façon
le verbiage du poète qui ne se clame qu'en rêve et en douces illusions.

Chacun ses mots, chacun sa caste.
 Torchons, serviettes et mouchoirs ne se plient pas dans le même tiroir !

Et pourtant il suffirait d' un des deux auxiliaires et d'une seule consonne. Que l'on oublie AVOIR et cette horrible N.
ETRE chante l'oiseau.
 Et de ses ailes dépliées, il nous dessine un  glorieux M.



mardi 30 octobre 2012

Ces quelques mots. (8)

Me voici arrivée près d'une plantation. Elle n' a d'agricole que le terreau fertile. Ronces et graines d'orties ont tout colonisé. Je m'approche doucement de la houle herbacée. Avant de  me noyer dans l'océan de mots qui émergent du sol. Ils montent en calligrammes. Ils sont enchevêtrés.

Au BONHEUR y côtoie des DAMES, VINGT MILLE LIEUES s'enroulent SOUS LES MERS.
PARIS s'accroche à NOTRE-DAME , un NŒUD chagrine une VIPÈRE.
LANCELOT  s'extirpe d'un LAC, la SONATE se joue de KREUTZER
 Un CROQUANT naît d'un PETIT JACQUES, des SOUFFRANCES abîment WERTHER. 

-"Quel semeur a jeté ces graines disparates?"
 Et l'oiseau aussitôt  devient cuir écarlate.
-"Ceux qui dorment oubliés dans vos bibliothèques."






jeudi 25 octobre 2012

Jour de neige. (7)

Incroyable défilé de saisons. Chaud et froid garanti si l'on n'y prend pas garde.
L'azur se teinte de gris-rose et l'hiver succède à l'automne. Silence. Il neige. 
L'oiseau, perché sur un piquet gonfle sa rouge-gorge. Il y a toujours eu ce passereau peint sur mes paysages hivernaux. Aussi loin que je me souvienne. 

Un flocon venait de se poser sur le bout de mon nez. A me faire loucher. Un autre, des milliers. 
Mon oiseau était devenu loupe. Mais que devais-je maintenant observer ? L'amas neigeux et ses cristaux? Tous étaient pareils mais chacun différents. La science l'avait prouvé.  Je ne l'inventais pas. Il fallait s'y résoudre.
 Malgré leur apparence, pas un qui soit constitué comme son voisin de chute. Ambiance feutrée.
D"ailleurs silence... Chut ! 
Quand l'oiseau devint microscope, je contemplais la merveille. Les petits hexagones glacés. Et leurs pointes et leurs branches. 
Les scientifiques avaient raison. J'en décortiquais mille, j'en examinais cent.
Pas un n'était semblable. Égaux lorsqu'il tombaient, ils mourraient tous au sol.

Il en est ainsi des homme pensais-je. Deux jambes, deux bras, un ventre et du poil au menton mais pas un n'a le même cœur, ni ne brûle de la même façon. Et tous, quelques soient leur fonction,  au terme du voyage, ils disparaissent.  Comme des flocons. 
Mon oiseau avait du deviner ma pensée. Il devint longue vue, à la longue portée.
Je visais un sommet qui brillait au soleil. Je le vis tout couvert de  sa neige éternelle.

Si celle-là ne fond pas, me chantèrent mes oreilles, c'est que celle que tu vois, elle côtoie le ciel.


Chanter. (6)

L'oiseau, qui pour l'heure arborait plumes et bec, se mit à gazouiller. Puis s'envola à tire-d'aile.

Un brouillard cendré s'accrocha aux branches des saules. On n'y voyait plus goutte. Et moi, j'étais perdue.
Une créature aux mains diaphanes s'imposa devant moi. Elle portait une robe grise ornée d un col blanc. 
-"Je suis Dame Contrainte. Si tu veux retrouver l'oiseau et obtenir ce que tu cherches, tu dois d'abord m'obéir. Cueille la brume qui nous entoure et le ciel bleu nous reviendra."
Plus je cueillais, plus le brouillard s'intensifiait. 
-"Dépêche- toi", disait la créature. 
J'entassais des paquets de brumes et je restais dans mon brouillard. Celui-ci finissait par m'enserrer mains et poignées. Mais je n'avais pas le choix.
-"Cueille !"

Soudain, le vent se leva. Allait-il disperser à ma place? Il ne faisait que murmurer.
-"Chante !"
Chanter ! je n'en avais nulle envie...Le temps me paraissait long,  je déchantais plutôt.
-"Chante! me hurla le vent aux oreilles.
Alors, je me mis à fredonner. 
-"Plus vite", disait Dame Contrainte.
-"Plus fort" criait le vent. 
-"Chante de tout ton être", me souffla la tempête.
Alors je me mis à chanter à tue-tête. 
Le ciel redevint bleu et l'oiseau m'attendait. Dame Contrainte était toujours là, mais j'avais le cœur léger.
-"Voilà ta première leçon. Où que tu sois, quoique tu fasses, il faut chanter. C'est comme ça que nous faisons, nous les oiseaux. Les hommes envient nos ailes mais peu d'entre eux  savent que c'est de notre chant que nous gagnons la liberté.'

lundi 22 octobre 2012

Au lycée Papillon. (5)

-"Remonte la portée, il s'y trouve une clef." gazouilla mon oiseau.
J'enjambais donc les notes qui tombaient devant moi et j'eus tôt fait de me trouver nez à nez... avec une clef de sol !
 Face contre terre. Mon pied avait heurté une croche.
Des papillons azur firent une couronne tout autour de ma tête. 
-"Marquons donc une pause".
 Et le violon se tut.
Les insectes par contre faisaient bruisser leurs ailes. 
-"C'est ici que tes cours vont maintenant commencer."
Mes cours?... Étais-je arrivée là pour apprendre encore? Pourtant je savais tout. Car j'étais bien instruite. Et ce n'était pas là l'objet de ma visite. 
-"Prétentieuse, crois-tu que la Terre Promise offre ses joyaux parce que l'on s'y promène ? Tu vas devoir un peu te creuser la cervelle." 
Mes professeurs les papillons me remirent debout dans leur nuée bleue ciel.

dimanche 21 octobre 2012

Sur un prélude de Bach (4)

"Mon" oiseau-caméléon, puisqu'à chacun le sien, m'ouvrit les yeux sur ce tout nouveau monde. Il s'envolait d'un vieux chêne et  avait, pour l'heure, pris la forme d'un violon. D'autrefois.
Il se posa sur une branche de saule. Et fit pleurer ses cordes. Des rondes et des blanches,  mais aussi noires et quart de croches tombèrent de son ciel.
 Moi j'étais là, debout, les bras ballants sous cette pluie de notes claires. Les arpèges mouillant mes cheveux.  Ah, il commençait bien le voyage!
Et quel air!
Drôle d'air pour un petit oiseau!
Sur un morceau qui n'avait rien de drôle.
 Emprunt d'une rare émotion. Elle submergeait mon être.
En fait, l'instrument me jouait un prélude. Annonciateur de notre fugue.
Et son archet  dansait,  me faisant signe d'avancer.  Alors, quelques accords plus loin, je me mis à le suivre. 
- "Pardonne-moi Oiseau, je n'avais pas saisi où tu voulais en venir. Il me faudrait des clés pour toujours te comprendre."


samedi 20 octobre 2012

Le petit oiseau de toutes les couleurs. (3)

Si au début  le chant n'est qu'une sensation,  c'est que tout se mérite.
 Ami, il va falloir, pour trouver les balises, faire preuve d'attention et de sagacité. C'est une randonnée différente des autres.
Un indice cependant, pour suivre son trajet :
 Notre siffleur ailé est paré d'un plumage de toutes les couleurs. Sauf de l'argenté.
 Mais pour tout compliquer, il aime changer de forme.
Tantôt vers de poème, refrain d'une chanson, il adore se cacher dans les feuilles des  vieux livres. Et il est coutumier d'en devenir image.
 Un rocher qui émerge, un œuf  de Fabergé, une coupe, une tulipe, un dessin animé.
-Oiseau, es- tu oiseau ou bien caméléon?

mercredi 17 octobre 2012

La terre promise. (2)

 Se déchausser. La terre promise c'est pieds nus qu'elle doit être abordée.
 S'enfoncer jusqu'aux chevilles dans le limon fait de mots justes.
 Il sera possible de les rincer,  plus tard, à l'encre violette des cours d'eau.
 Ecouter le silence.
 Le bruissement des feuilles,  toutes ruisselantes d'or en ce matin du monde.
 Respirer. 
 L'odeur humide des pierres gorgées de mousse.
 Et suivre un oiseau...
 Pas n'importe lequel !
 Celui qui chante. Rien que pour soi.

mardi 16 octobre 2012

Il suffit de passer le pont. (1)

Il suffit de passer le pont pour atteindre l'autre rive.
Siffloter un air connu peut rendre le chemin plus aisé.
Mais surtout ne pas regarder en bas.
Ni derrière soi.
J'ai le vertige...et pas de main à agripper pour me rassurer.
Pas de rambarde non plus.
Je suis seule et mon corps a froid.
Plus que quelques pas. Courage.
Parce que, bien cachée, une flamme m'anime.
Rose.