Si votre cœur comprend le message de l' oiseau, si votre oreille s’émeut du murmure du ruisseau ... ou si vous vous laissez simplement guider par ce que vous nommez le" hasard" , bienvenue et bonne lecture.

mardi 27 novembre 2012

Au magasin d'antiquités. (15)

 Une odeur de bois sec et de poussières, un magasin comme un grenier.
  Plancher qui craque, toiles d'araignées.
Et des malles et des boîtes. Et coffres et coffrets. Même quelques tiroirs dont on n'a plus la clé.
J'examine le contenu d' un grand panier d'osier :
 Un chapeau de paille jaune s'envole au ciel d'été.
 Un vieux chat dont le nom et la couleur sont égarés, mais qui n'a pas perdu sa langue,  boit du lait dans une coupelle de verre teintée.
 D'anciens clichés jaunis, visages rescapés sur guipures et dentelles ou sur cols d'officiers.
 Un sachet de boutons, une perle, un crochet. 

Je change d'étagère. Boîtes à joujoux, boîtes à bijoux.
 Boîte à musique, l'air de tout, l'air de rien. Vent qui siffle en s'engouffrant sous la porte,  et l'écho sourd d'un avion qui survole mon horizon depuis un demi-siècle. Toi dedans dont je ne peux me souvenir.

Autre comptoir, il y en a tant. Je jette un dernier coup d'œil. Du vieux et du récent.
 Une boîte à fenêtres. Ouverte sur un jardin secret.  Une boîte de déceptions. Messages à la corbeille, ils ne sont  qu'illusions.

vendredi 23 novembre 2012

Quand on arrive en ville. (14)

Au chant du coq je m'éveille boudeuse.
Et j'avance. Je marche longtemps.
Mon destin.

Je voudrais une ville. Petite. A la dimension de mes rêves. 
Un chemin pour y accéder. Bordé d'arbres de carton-pâte. 
Cité close et pavée qui garde sa porte ouverte. Jour et nuit.

Je l’atteins entre chien- loup. Exprès. Pour saisir les lueurs orangées qui éclairent les hautes fenêtres des ruelles tortueuses. 
Des réverbères aussi. Une ville sans réverbères ce n'est pas une ville.
 Au dessus de quelques portes, des enseignes tintent au vent du soir. Des métiers d'autrefois que désignent fer forgé et bois peint.

Un jardin de simples. Enluminé. Miniature sur parchemin soulignée par l'or du couchant. Jardin de curé ?
Un autre, plus loin. Celui de Tistou peut-être. Gravure sortie d'un manuel scolaire. Sillons tracés à la mine de plomb. Une brouette, un banc, des arbres en espalier fait de hachures fines.

Un clocher qui rythme les heures.

Et un porche. Pour attendre demain.






dimanche 18 novembre 2012

Douce Nuit. (13)

A l'heure où Oiseau ulule, le ciel se teinte d'améthyste. Et les cristaux de cette géode font pointer mille éclats. Diamants bleus, les plus beaux à mes yeux.
La lune, opale, glisse sur la paroi scintillante.  Alors, la nuit brille de tous ses feux.

Je suis ombre chinoise sous la coupole. Assise le cou au ciel tendu.
Lire dans ces étoiles, connaitre le secret de ces constellations, premières légendes des Hommes. Conte de la nuit des temps.

Les tumultes d'un hier défunt s'éloignent à l'horizon.

Il me croit égoïste. Je serais centre du monde!
 Le suis-je, minuscule chose, microscopique forme sombre ? 
Qu'est ce que je me sens petite! Petite et grande à la fois. Tout un monde moi aussi. 
Et, au centre, endormie, Rose qui dort en bouton. Rose comme un bouton d'or.




mardi 13 novembre 2012

Mon amie la Rose. (12)

Je l'ai cherché longtemps. Dans les bois, dans les champs.
A la cime des chênes. Aux bruits de leurs feuillages. 
J'ai couru les sources jaillissantes des vallées qui auraient pu baigner ses plumes. J'ai escaladé les monts jusqu'aux sommets qui m'avaient découvert son ciel.
Oiseau, mon bel Oiseau demeurait introuvable.

Rose, petite étincelle, murmurait en mon cœur, de chercher encore. Et toujours.
Le manque était si grand que je la sentais faiblir.
Il ne fallait pas qu'elle s'éteigne. Mais de jours en jours, elle ne brillait plus que d' épines.

Un soir, en m'égratignant, elle me dit que j'avais visé trop haut. Les princes ne s'attardent pas sur les bergères. Les oiseaux-caméléons ne guident pas les vagabondes.
Pour la première fois j'ai pleuré.
Larmes d'Amour ? Sanglots d'Orgueil ?
 La Rose s'est alors abreuvée. Je la sentais revigorée.
Et une nuée de moinillons, ébouriffés et pépiant, m'ont dessiné un carnaval. De vrais oiseaux de Paradis. Simples et modestes. Sincères, encourageants. Mes vrais amis.
Alors Oiseau, tel un géant, est apparu sur son grand char.

-"C'est toi que tu aimes", a-t-il alors entonné. "Mais seul ton pleur correctement nommé pouvait à ton âme  le prouver. "  

vendredi 9 novembre 2012

Le Miroir aux Alouettes. (11)

Mirage. Un Lac. Miracle.

Je me penche sur son miroir. L'onde est habitée. Elle a les yeux verts. Sans doute qu'elle espère.
-"Que viens-tu ici chercher ? " ondulent les flots.
-"Si je le savais..."
Je ne m'attendais pas à cette question. 
Si, en fait, je n'attendais qu'elle.
-"Sans doute la même chose que tout le monde. Mais les autres ne savent pas forcément  qu'ils cherchent, alors, ils restent chez eux. Dans leur salon."
-"Que viens tu ici chercher ? " y revient la vaguelette.
-"Je ne sais pas moi...l'Amour, la Liberté, la Joie, la Vérité.
-"L'Amour ?...L'as-tu trouvé ?"
Le rose monte à la surface de l'eau claire.
-"Onde indiscrète...je crois...peut être... Il me joue du violon et il connait mon prénom. Je sais lire son langage et comprendre son verbiage. Il s'amuse à me surprendre et son amitié est tendre. Il ne me l'a pas chanté mais ses ailes l'ont dessiné. Elles en ont tracé le trait."
-"Tu as vu, et entendu. Et follette tu t'emballes. Tu devines une réponse. Et tu t'emprisonnes, tu t'enfermes dans des certitudes que tu as crées de toutes pièces."

Cette eau m'agace ! Elle veut des preuves. Je vais lui en donner.
-"Mon bel Oiseau...m'aimes-tu ?"
Mais Oiseau a disparu.

lundi 5 novembre 2012

La Marelle. (10)

L'oiseau sautille. L'oiseau se tait. Il veut jouer.
A cloche-patte, petite perche, à cloche-pied.
Sur un parcours tout blanc de craie un puits, la terre.
Des horizons, colimaçon, fusée lunaire
chapelle fondée en croix tracée cours d'école.
Nos âmes lancées, petits palets, à tour de rôle
sauter l'enfer,
se reposer,
sous l' arc, un ciel.
Oiseau m'invite, à avancer, sur la marelle.

En équilibre sur un seul pied, bras déployés,
accompagné en ce chemin d'embûches semé
par un long vol de pèlerins, plumes cendrées,
qui vers l'été, dessus nos têtes s'en sont allés.