Si votre cœur comprend le message de l' oiseau, si votre oreille s’émeut du murmure du ruisseau ... ou si vous vous laissez simplement guider par ce que vous nommez le" hasard" , bienvenue et bonne lecture.

vendredi 24 mai 2013

Tragédie du printemps.(36)

Soudain, un trait de gomme effiloche les mots que les passages avaient écrits à tire d'aile. Milliers de mots dessus le ciel. Phrases cousues depuis les arbres ont disparu comme traînées d'avions.
 Chansons douces des berceuses.  Mots de consolation. Paroles d'encouragement. Billets d'excuses aux heures de fièvres.
 Et tout ce temps passé à guetter que chats ou sacripants ne découvrent la cachette. A l'abri dans les pierres.
 Sans compter les tonnes de vers. Dont la recherche avait fait maigrir Oiseau.
 Ou l'avait fait prendre quelques kilos... A tourner dans les sauces ! Et à goûter les crêpes.

Depuis quelques temps plus rien n'était pareil.
 Oiseau le voyait bien.
 Les œufs de jade qui, jadis, avaient coiffé les oisillons n'étaient plus que poussières et dans le nid, à son approche, on détournait la tête.
 "Les lombrics n'étaient plus assez gras". Ou encore" l'étaient trop".
 Et la nichée soupirait,  en gonflant les petits poitrails. Et préférait tuer le temps à envoyer à coup de bec, des messages à ces galopins peuplant taillis et bois voisins.

Au plus beau de la journée, triste constatation.
 Le nid était vide.

Cela devait arriver. Nature l'a décidé ainsi. On ne fait pas les petits pour soi.

Comme un trait de gomme le Temps effiloche tout. Même ces marques que l'on croit indélébiles. Celles de l'Amour inconditionnel.
Sur sa branche, la pauvre huppe scrute le ciel. Maintenant, ses jeunes volent de leur propres ailes.
 Ne se retourneront-il pas ? 
J'ai lu un jour que les oiseaux ne savaient pas qu'ils savent.
 Mais ce que je sais aussi, c'est qu'un jour, à leur tour, les oisillons seront oiseaux.