Si votre cœur comprend le message de l' oiseau, si votre oreille s’émeut du murmure du ruisseau ... ou si vous vous laissez simplement guider par ce que vous nommez le" hasard" , bienvenue et bonne lecture.

lundi 25 février 2013

Marchand d'heures. (31)

-"Il faudrait que s'ouvre une épicerie. Tout me fait défaut, même ici!
-"Tout ?" siffle Oiseau.
 -"Pas tout tout, vois-tu, mais au moins pouvoir trouver l'essentiel.
A commencer par de grands bocaux. Des grands bocaux de temps. Du temps en billes rouges, du temps en billes bleues qui colorent la langue. Et en faire des bulles. Des bulles qui explosent si on les gonfle trop...
 Des matins soleil en sirop. Des soirées sans déconfitures. 
 Ou encore des heures en bouteilles. En tête de rayon. A consommer sans modération.
Des boites de minutes à craquer comme des allumettes. A croquer comme des gaufrettes.
Une épicerie avec un coin fromagerie. Du temps en tranches, pour l'apéro. Quelques trous dans le temps juste pour faire joli, du demi affiné. Même du temps à râper.
 Et à la devanture, coin des quatre-saisons. Des kilos de journées pesées sur la balance...du temps à dépenser. Sans devoir le compter."

vendredi 15 février 2013

Tremblement de routes. (30)

 Un voile azur qui tombe à la fenêtre. 
Enfin.
 Oiseau est en voyage..., génial! ça tombe bien.
-" Éveillons nous vite Rose. Quittons l'imaginaire. Et poussons au delà les barrières du jardin. En guise de déjeuner je propose un bol d'air. "

Lavoir abandonné. Halte du petit cours d'eau.
Je pense aux bâtisseurs. Sans intérêt sans doute, à leurs vies traversées. Des voisins d'autrefois. Fades comme je peux l'être... quand je ne suis que moi.
  Et Rose qui murmure que les pierres posées sont bien l'oeuvre des Hommes mais que c'est leur esprit qui les a commandé. Et peut être leur cœur qui voulait abriter les lavandières- sœurs.
Des Oiseaux et des Roses ont toujours existé. 

Je poursuis sur la route. Des talus me regardent. Avec leurs yeux soleils,  ou encore les prunelles de quelques véroniques. 

Dans le ciel une course. De deux traînées d'avions. Et je pointe le nez dans leur blanches directions.
  Mince, il m'a repéré!  Oiseau sur le retour voulait faire remarquer, la soulignant, la Lune! Sphère ourlée de lumière à deviner dans l'ombre. Luminaire d'argent qui suivait l'astre d'or. Et qui marque le temps.

...Il va falloir rentrer...Rose a leur cœur serré.

A traverser les bois, quand passent les nuages, l'hiver s'accroche encore aux branchages frileux.  Boue et terre gorgée, feuilles mortes en tapis. Troncs. Sous- bois vert moussu. Pagailles échevelées.

Mais soudain, à peine défroissée, sur sa branche sauvage... une fleur de prunier.

dimanche 10 février 2013

Adieu l'hiver...et qui dit vert...j'espère! (29)

Ce matin je me suis éveillée avec des fourmis dans les jambes. Ça change d'un oiseau dans les pattes...
Envie de mettre de la couleur partout. De faire éclater de rire les bourgeons des arbres, de grimer en bleu un ciel  bas résilles , de semer confettis au vent.  Et de sortir mon parapluie pour crever d'ennuyeux nuages.
Aussitôt se lève une tempête arc en ciel.

 Un tablier de vichy rose pour me masquer en écolière, un nez pincé et un chignon, et dans la peau de la rombière.  Un manteau de fourrure mitée sous des lèvres peintes à l’excès.
 Belle du port sur la jetée.
 Un ciré jaune de pêcheur parti à l'assaut d'une écume. Mousse de bière blonde, et ambrée. Même de blanche et puis de brune.
 Pagne de paille, noix de coco, et traits noircis et chapeau plume.
 Caricature des marchands d'hommes.
Qui est la femme ou l'ouvrier ? Est ce la voix de mon  patron dans l'air paillard de ces chansons ?   Brumes à boire,  fumées d' usines.
Est ce mon cousin ? Est-ce ma voisine ? 
En vieille bourgeoise endimanchée galopant moinillons ventrus. Eux se gavent de  harengs-saur crus...

Hola! de qui se moque-t-on? Aux cendres irez en confession.
Fifres tambours à l'unisson.

à ma ville de naissance et son carnaval
  

mardi 5 février 2013

Point d'interrogation. (28)

Les poings sur les hanches, je regarde Oiseau droit  dans les yeux et lui dis :
  
- "Des points sur des i et des points alignés... Des points à discuter et puis à en découdre. A broder, à compter, à contourner aussi... surtout lorsqu'ils ne tournent pas trop ronds.
Les relier entre eux, jusqu'à ce que des traits... d'esprit livrent leurs intentions..."

-"Carrément grotesque !" siffle beau merle.

-"Nous y voilà ! Tu me brises les lignes ! Résultat, moi je perds le droit fil de la conversation.  Quand serons nous sur le même plan? Tiens des stances affines dans tes gazouillements ! Sache que je n'ai pas d'ailes, pas le moindre segment pour te suivre ainsi et ce par tous les temps !"

Oiseau me fait croire qu'il pourrait arrondir les angles mais déjà il s'envole.
 Aux quatre points de la rose des vents.