Si votre cœur comprend le message de l' oiseau, si votre oreille s’émeut du murmure du ruisseau ... ou si vous vous laissez simplement guider par ce que vous nommez le" hasard" , bienvenue et bonne lecture.

mercredi 31 octobre 2012

La Tour de Babel. (9)

L'oiseau babille. L'oiseau gazouille. L'oiseau roucoule et puis jacasse.
Que veut-il encore me chanter? Quelle merveille veut-il me montrer?
Pour tout savoir, pour tout comprendre moi, je voudrais parler oiseau.
Ainsi je saurais écouter.
Ce que murmure le ruisseau. Les mots du vent dans les ombelles.
L'air du moulin, sa ritournelle. Le nuage qui glisse en plein ciel.
Le franc soleil et son halo.

Les hommes ne se comprennent jamais .
Non pas à cause de leur grammaire. Ni la prononciation de ces mots issus de leur vocabulaire.
Même les linguistes avertis, les polyglottes chevronnés
n'entendent le sens de leurs adverbes.

Les banquiers s'expriment en monnaie, les généraux discutent en armes
Les hommes politiques comptent en voix, les amours déçues sont en larmes
les religieux ont leurs versets, les journalistes leurs sensations,
et ne déroge à sa façon
le verbiage du poète qui ne se clame qu'en rêve et en douces illusions.

Chacun ses mots, chacun sa caste.
 Torchons, serviettes et mouchoirs ne se plient pas dans le même tiroir !

Et pourtant il suffirait d' un des deux auxiliaires et d'une seule consonne. Que l'on oublie AVOIR et cette horrible N.
ETRE chante l'oiseau.
 Et de ses ailes dépliées, il nous dessine un  glorieux M.



mardi 30 octobre 2012

Ces quelques mots. (8)

Me voici arrivée près d'une plantation. Elle n' a d'agricole que le terreau fertile. Ronces et graines d'orties ont tout colonisé. Je m'approche doucement de la houle herbacée. Avant de  me noyer dans l'océan de mots qui émergent du sol. Ils montent en calligrammes. Ils sont enchevêtrés.

Au BONHEUR y côtoie des DAMES, VINGT MILLE LIEUES s'enroulent SOUS LES MERS.
PARIS s'accroche à NOTRE-DAME , un NŒUD chagrine une VIPÈRE.
LANCELOT  s'extirpe d'un LAC, la SONATE se joue de KREUTZER
 Un CROQUANT naît d'un PETIT JACQUES, des SOUFFRANCES abîment WERTHER. 

-"Quel semeur a jeté ces graines disparates?"
 Et l'oiseau aussitôt  devient cuir écarlate.
-"Ceux qui dorment oubliés dans vos bibliothèques."






jeudi 25 octobre 2012

Jour de neige. (7)

Incroyable défilé de saisons. Chaud et froid garanti si l'on n'y prend pas garde.
L'azur se teinte de gris-rose et l'hiver succède à l'automne. Silence. Il neige. 
L'oiseau, perché sur un piquet gonfle sa rouge-gorge. Il y a toujours eu ce passereau peint sur mes paysages hivernaux. Aussi loin que je me souvienne. 

Un flocon venait de se poser sur le bout de mon nez. A me faire loucher. Un autre, des milliers. 
Mon oiseau était devenu loupe. Mais que devais-je maintenant observer ? L'amas neigeux et ses cristaux? Tous étaient pareils mais chacun différents. La science l'avait prouvé.  Je ne l'inventais pas. Il fallait s'y résoudre.
 Malgré leur apparence, pas un qui soit constitué comme son voisin de chute. Ambiance feutrée.
D"ailleurs silence... Chut ! 
Quand l'oiseau devint microscope, je contemplais la merveille. Les petits hexagones glacés. Et leurs pointes et leurs branches. 
Les scientifiques avaient raison. J'en décortiquais mille, j'en examinais cent.
Pas un n'était semblable. Égaux lorsqu'il tombaient, ils mourraient tous au sol.

Il en est ainsi des homme pensais-je. Deux jambes, deux bras, un ventre et du poil au menton mais pas un n'a le même cœur, ni ne brûle de la même façon. Et tous, quelques soient leur fonction,  au terme du voyage, ils disparaissent.  Comme des flocons. 
Mon oiseau avait du deviner ma pensée. Il devint longue vue, à la longue portée.
Je visais un sommet qui brillait au soleil. Je le vis tout couvert de  sa neige éternelle.

Si celle-là ne fond pas, me chantèrent mes oreilles, c'est que celle que tu vois, elle côtoie le ciel.


Chanter. (6)

L'oiseau, qui pour l'heure arborait plumes et bec, se mit à gazouiller. Puis s'envola à tire-d'aile.

Un brouillard cendré s'accrocha aux branches des saules. On n'y voyait plus goutte. Et moi, j'étais perdue.
Une créature aux mains diaphanes s'imposa devant moi. Elle portait une robe grise ornée d un col blanc. 
-"Je suis Dame Contrainte. Si tu veux retrouver l'oiseau et obtenir ce que tu cherches, tu dois d'abord m'obéir. Cueille la brume qui nous entoure et le ciel bleu nous reviendra."
Plus je cueillais, plus le brouillard s'intensifiait. 
-"Dépêche- toi", disait la créature. 
J'entassais des paquets de brumes et je restais dans mon brouillard. Celui-ci finissait par m'enserrer mains et poignées. Mais je n'avais pas le choix.
-"Cueille !"

Soudain, le vent se leva. Allait-il disperser à ma place? Il ne faisait que murmurer.
-"Chante !"
Chanter ! je n'en avais nulle envie...Le temps me paraissait long,  je déchantais plutôt.
-"Chante! me hurla le vent aux oreilles.
Alors, je me mis à fredonner. 
-"Plus vite", disait Dame Contrainte.
-"Plus fort" criait le vent. 
-"Chante de tout ton être", me souffla la tempête.
Alors je me mis à chanter à tue-tête. 
Le ciel redevint bleu et l'oiseau m'attendait. Dame Contrainte était toujours là, mais j'avais le cœur léger.
-"Voilà ta première leçon. Où que tu sois, quoique tu fasses, il faut chanter. C'est comme ça que nous faisons, nous les oiseaux. Les hommes envient nos ailes mais peu d'entre eux  savent que c'est de notre chant que nous gagnons la liberté.'

lundi 22 octobre 2012

Au lycée Papillon. (5)

-"Remonte la portée, il s'y trouve une clef." gazouilla mon oiseau.
J'enjambais donc les notes qui tombaient devant moi et j'eus tôt fait de me trouver nez à nez... avec une clef de sol !
 Face contre terre. Mon pied avait heurté une croche.
Des papillons azur firent une couronne tout autour de ma tête. 
-"Marquons donc une pause".
 Et le violon se tut.
Les insectes par contre faisaient bruisser leurs ailes. 
-"C'est ici que tes cours vont maintenant commencer."
Mes cours?... Étais-je arrivée là pour apprendre encore? Pourtant je savais tout. Car j'étais bien instruite. Et ce n'était pas là l'objet de ma visite. 
-"Prétentieuse, crois-tu que la Terre Promise offre ses joyaux parce que l'on s'y promène ? Tu vas devoir un peu te creuser la cervelle." 
Mes professeurs les papillons me remirent debout dans leur nuée bleue ciel.

dimanche 21 octobre 2012

Sur un prélude de Bach (4)

"Mon" oiseau-caméléon, puisqu'à chacun le sien, m'ouvrit les yeux sur ce tout nouveau monde. Il s'envolait d'un vieux chêne et  avait, pour l'heure, pris la forme d'un violon. D'autrefois.
Il se posa sur une branche de saule. Et fit pleurer ses cordes. Des rondes et des blanches,  mais aussi noires et quart de croches tombèrent de son ciel.
 Moi j'étais là, debout, les bras ballants sous cette pluie de notes claires. Les arpèges mouillant mes cheveux.  Ah, il commençait bien le voyage!
Et quel air!
Drôle d'air pour un petit oiseau!
Sur un morceau qui n'avait rien de drôle.
 Emprunt d'une rare émotion. Elle submergeait mon être.
En fait, l'instrument me jouait un prélude. Annonciateur de notre fugue.
Et son archet  dansait,  me faisant signe d'avancer.  Alors, quelques accords plus loin, je me mis à le suivre. 
- "Pardonne-moi Oiseau, je n'avais pas saisi où tu voulais en venir. Il me faudrait des clés pour toujours te comprendre."


samedi 20 octobre 2012

Le petit oiseau de toutes les couleurs. (3)

Si au début  le chant n'est qu'une sensation,  c'est que tout se mérite.
 Ami, il va falloir, pour trouver les balises, faire preuve d'attention et de sagacité. C'est une randonnée différente des autres.
Un indice cependant, pour suivre son trajet :
 Notre siffleur ailé est paré d'un plumage de toutes les couleurs. Sauf de l'argenté.
 Mais pour tout compliquer, il aime changer de forme.
Tantôt vers de poème, refrain d'une chanson, il adore se cacher dans les feuilles des  vieux livres. Et il est coutumier d'en devenir image.
 Un rocher qui émerge, un œuf  de Fabergé, une coupe, une tulipe, un dessin animé.
-Oiseau, es- tu oiseau ou bien caméléon?

mercredi 17 octobre 2012

La terre promise. (2)

 Se déchausser. La terre promise c'est pieds nus qu'elle doit être abordée.
 S'enfoncer jusqu'aux chevilles dans le limon fait de mots justes.
 Il sera possible de les rincer,  plus tard, à l'encre violette des cours d'eau.
 Ecouter le silence.
 Le bruissement des feuilles,  toutes ruisselantes d'or en ce matin du monde.
 Respirer. 
 L'odeur humide des pierres gorgées de mousse.
 Et suivre un oiseau...
 Pas n'importe lequel !
 Celui qui chante. Rien que pour soi.

mardi 16 octobre 2012

Il suffit de passer le pont. (1)

Il suffit de passer le pont pour atteindre l'autre rive.
Siffloter un air connu peut rendre le chemin plus aisé.
Mais surtout ne pas regarder en bas.
Ni derrière soi.
J'ai le vertige...et pas de main à agripper pour me rassurer.
Pas de rambarde non plus.
Je suis seule et mon corps a froid.
Plus que quelques pas. Courage.
Parce que, bien cachée, une flamme m'anime.
Rose.