Si votre cœur comprend le message de l' oiseau, si votre oreille s’émeut du murmure du ruisseau ... ou si vous vous laissez simplement guider par ce que vous nommez le" hasard" , bienvenue et bonne lecture.

vendredi 18 janvier 2013

Deux enfants au soleil. (24)

Brume du soir.
Encore un autrefois. Du temps de l'autre moi.
Du temps de l'insouciance.
Deux Marie qui marchaient. Et qui n'étaient que rires.
Rêves d'adolescentes sur des chemins tracés.

Tu n'étais point rebelle, et acceptais ta vie.

Au lycée, quand nous étudiions les poèmes de Verlaine, tu te demandais si les auteurs étaient conscients des litotes, des allitérations qu'ils posaient ça et là. S'ils le faisaient exprès. Ou si leurs mots venaient comme ça. Dans une grâce non recherchée.
Je disais "Je ne sais pas" en mâchouillant le bout de tes crayons, ce qui te faisait rire. Moi je perdais toujours les miens. Sur les îles qui peuplaient la marge de mes cahiers.

A l'âge où l'on veut plaire, nous écoutions, à la radio, chez ta grand-mère, les exploits de héros aux vertes armoiries, chevaliers dont la lance était un ballon rond.

Les buts des stéphanois ... Nous étions fort savantes en corners, penalty.  Nos matchs secrets à nous, c'était de voir laquelle aurait droit au timide sourire à l'entrée de la classe.

Tu t'es mariée bien jeune. Et moi de Stéphanie suis devenue marraine. Mais une fée souvent absente. Parce que le temps avait passé, qu'il avait transformé nos routes. Les complicités se sont mues en repas de famille.

Un jour, à cet âge ou l'on n'a pas encore un cheveux blanc, la pâleur a gagné le rose de tes joues. Doucement. Impitoyable avec toi malgré ton franc sourire. 

J'ai gardé une image. La dernière de toi. Bien avant que tu ne partes. Dans la métaphore de ton regard à la barrière de mon jardin. Tu ignorais encore mais tu savais déjà.

Souvent, depuis, quand tu viens comme une brume, tu as quelque chose à me dire. Quelque chose à me raconter. De la vie simple. De la vraie vie. 
Le temps ne gomme pas tout...

A Marie-France et pour Stéphanie...





20 commentaires:

  1. de bien lointains souvenirs .....
    la vie est la et parfois bien cruelle
    un beau texte en souvenir d'une amie
    bisous maman

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    1. Ce que j'ai pu lui en manger, des crayons!

      La vie reste la vie...un passage.

      Bisous.

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  2. La vie est encore avant et après un passage, où toutes ses choses diffèrent foncièrement je crois…
    La particularité est un défaut relatif,
    et la relativité une qualité particulière…
    Vois-là un concepts de religions qui se sont beaucoup échangées comme le Taoïsme et le Bouddhisme ;
    mais il est vrais a c't'heure c'est le côté politique qui domine, n'est-ce pas…

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    1. Des inventions humaines que politique et religion.

      Seule compte la Vérité particulière qui s'équilibre, pas seulement en défaut ou qualité ni en avant et en après. Mais qui oscille comme un grand huit...entre les pôles de l'espace temps

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  3. bon, ben moi je pleure, désolée! C'est très beau

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  4. L'amitié vraie, pure de la jeunesse ne s'oublie jamais. Ce texte tendre et doux, nostalgique et douloureux, m'a donné une grande émotion. La vie est parfois très dure....
    Bonne fin de semaine Marie-Hélène.
    Amicales pensées
    Marie

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    1. L'enfance et l'adolescence sont des moments privilégiés au cours desquels il est facile d'aller les uns vers les autres d'une manière naturelle.
      Et les partages qui se gravent à cette période sont effectivement inoubliables.

      Merci à vous Marie et bon Week-end également.
      Amitiés.

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  5. Moi aussi, je suis émue. L'important, c'est l'amour que l'on se donne à un moment donné, que l'on donne à l'autre. La vie est éphémère et les rires, les moments ensembles sont précieux. Un très bel hommage.

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    1. Merci Yveline.
      C'est vrai qu'il faut savoir profiter de tous les petits bonheurs.
      Il existe comme ça des liens qui sont particuliers et qui, je crois, résistent à la séparation.
      Bonne soirée à toi.

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  6. "Sur les îles qui peuplaient la marge de mes cahiers."

    On fait aussi des gribouillis dans ces coins là quoi que c'était interdit sauf dans le cahier de brouillon
    Me v"là de retour à l'école, il est vrai que la gomme n'efface pas tout
    Très belle soirée a toi Marie Hélène

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    1. Tu sais, au lycée, ils n'étaient pas trop tatillons les profs à propos des copies sur lesquelles nous prenions nos notes.

      Pour en revenir à ton billet sur les arbres, sur mes îles il y avait des palmiers. Faciles à tracer avec le tronc monté en V imbriqués les uns dans les autres et leurs palmes en hachure.

      Agréable soirée à toi aussi.

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    2. Je n'ai pas vraiment de souvenirs de mes escapades à l'école sauf que peut-être j'adorais a ce moment là la mythologie , comme quoi , on y reviens toujours a la source ....
      Je te souhaite une belle nuit

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  7. Merci Marraine , je suis émue de lire tes lignes.
    Merci de partager avec moi un peu de votre intimité ça me touche beaucoup, les larmes coulent sur mes joues...
    Votre complicité était belle et pure, elle t'aimait tellement... comme une soeur!

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    1. Je l'aimais aussi.
      C'est pour ça que cet invisible lien est resté.

      Il est plus fort que tout ce que dans notre nature humaine nous pouvons appréhender et comprendre.

      Notre amitié était simple, comme le goût que l'on donne au temps de l’insouciance.
      Ta maman était beaucoup plus cartésienne que moi mais elle avait aussi une grande imagination. J'ai gardé beaucoup de souvenirs et, puisque la vie a fait de mettre toutes ces années avant que toi et moi nous puissions le faire, nous en parlerons quand je remonterai( dans le courant du printemps).
      Je t'embrasse Stéphanie.Tu as son sourire.

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  8. Si émue par cet hommage/souvenir à ton amie, si tôt partie

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  9. un bel hommage, je trouve. C'est si triste de perdre une amie et si injuste. J'aime ton texte car je trouve qu'il est sobre, pas de pathos (je ne sais pas si ça s'écrit comme ça car je ne suis pas super forte en littérature)
    juste ce qu'il faut.
    Bisous

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    1. Ce ne sont là que quelques bribes effectivement. Mais l'essentiel je crois, l'essence surtout.
      Merci.
      Bisous

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Ouvert à toutes les fleurs. Du gracile coquelicot au toxique colchique. Mimosas fleuris ont également droit de cité. Mais mon espoir secret c'est bien sûr de croiser quelques roses...